lettre à marie 2

Ma chère marie,

Je te laisse sur ta faim dis-tu...

Comment effectivement raconter la vie qui file et me consume comme la cigarette que je me promets tous les jours d'arrêter apres tant de vaines tentatives.

Ma vie est bien fade, morne, sans rien de bien intéressant à raconter, remplie de journées de labeur de 8h45 le matin à 18h30 le soir.

Apres les traditionnels embouteillages de la rocade, j'arrive chez moi vannée, sans grande énergie pour faire quoi que ce soit;

D. se lève le matin à 5h30 pour prendre le train pour St B.. Il y travaille depuis plus de 10 ans, après deux années de chomage.

Les WE sont remplis par l'intendance et depuis plusieurs années comme je te le disais, par ma contribution hebdomadaire à l'assistance familiale( mes parents +ma soeur). Mon père et ma mère vivent toujours dans leur maison à Ste thérèse et ne sont quasiment plus autonomes. Ils comptent sur nous pour tout ; Ma mère est atteinte d'un diabète insulino dépendant avec un alzheimer en prime.

Mon père apres deux infarctus est étroitement surveillé sur le plan médical, beaucoup dans la plainte et angoisse de devoir "gérer" ma mère qui elle oublie tout y compris qu'elle est diabètique et doit donc surveiller son alimentation.

Nous devons également assister ma soeur G; qui ne peux plus compter sur mes parents. Elle a fait, en septembre, une intoxication au lithium apres plus de 20 annnées de traitement.Elle a décompensé deux fois sur un mode maniaque et sur un mode dépressif après le changement de traitement obligatoire.Dernièrement nous avons du la faire hospitaliser à l'HP. Ce n'était plus gérable et trop lourd pour nous, mais tres culpabilisant . Elle sort cette semaine.

Je me "dévoue" le samedi pour libérer mes soeurs qui elles "donnent" en semaine. Nous sommes, toutes les trois prises dans un piège infernal qui nous bouffe une partie de nos vies alors que nous ne sommes pas sûres d'avoir une telle "dette" envers eux.Ils n'ont jamais pu se positionner en adulte et avec la vieillesse c'est encore pire.

je dois te paraitre bien morose et je le suis ...

Quand C. est partie en chine, j'ai cru que j'allais plonger !

Finalement, je me suis mise à internet pour communiquer avec elle et je passe désormais beaucoup de temps sur l'ordi à naviguer à droite à gauche, à remplir une existence trop pleine et vide à la fois.

Les WE d'hiver sont trop longs et à défaut de contrée chaude, je rêve d'une maison douillettte, chaude et fonctionnelle ce qu'elle n'est pas.

Le frère de D. vit en guadeloupe et nous y sommes allés , il y a deux ans pour le mariage de sa nièce.

J'en garde un souvenir mitigé : il n'a pas fait tres beau et le décalage horaire était tres déroutant: J'ai marché à coté de mes "godasses" pendant 10 jours ! Nous avons tout de même goûté à une plage de rêve à St Francois; j'y serai bien restée , mais le frère de Dominique tenait à nous faire visiter l'île,ce que nous avons fait en courant !

je me suis promis d'y retouner ... alors pourquoi pas la Martinique ?

Hier je suis allée voir C. qui avec 3 amies de l'IEP a monté une représentation des "monologues du vagin"dans le cadre des journées de la femme. Ca m'a rappelé des vieux souvenirs de seconde ...Elle adore, elle aussi organiser des manifestations et s'éclater sur scène, avec une énergie que je ne lui connaissais pas...

En revenant de Chine, elle a tenu à me faire savoir qu'elle était homosexuelle. Ce n'est pas sans soulever un tas de questions sur moi, le couple que je forme avec D., l'éducation que nous lui avons donnée

T.doit venir en WE en fin de semaine prochaine; Il n'était pas venu depuis plus de 2 mois;

Même si j'aime beaucoup le voir, ca me rassure plutôt de savoir qu'il construit sa vie ailleurs ! Il vit seul, sans copine à l'horizon.

Je t'embrasse avec toute mon affection

Comments

[Ségolène]

Coîncidences...
Des naissances sur le seuil de la mort, une mère internée à plusieurs reprises...
Alors je t'envoie un petit souffle de vie.

[Ex Nihilo]

C'est bouleversant de franchise et de transparence. C'est une plongée dans une intimité mise à nu et pourtant si pudique. Fragile instant de lecture. Besoin de vous dire qu'on a aimé vous lire.