envol
Texte écrit l'année dernière ( pour en finir avec les naissances)
« Le rôle d’une mère est d’être là pour être
quittée »
On a beau le savoir et en être « théoriquement » convaincue,
Quand ce moment arrive,
Devant l’indépendance croissante de nos enfants,
Leur curiosité pour le monde, l’autre, l’ailleurs,
Leur soif de faire des découvertes, sans nous,
Leur désir de s’extraire de ce cocon devenu étouffant,
De sauter, enfin, sur ce tremplin disposé pour eux,
On (je) ne peut s’empêcher d’éprouver
Une joie et une fierté singulières
Mêlées d’une inévitable amertume.
« Mes Bébés ont grandi »
Rien ne prépare les filles à devenir des mères
.Soutenue par une psychanalyse
Que j’avais entrepris un plus tôt
J’ai attendu mon premier enfant.
Avec une anxiété juste supportable
Il a quitté mon ventre
Comme un boulet de canon,
Pressé de venir voir le monde.
Il m’a fait mère et m’a plongé
Dans un abîme de perplexité.
.
J’ai pris le temps de le regarder,
De l’admirer, de me fondre dans son odeur,
De réaliser que ce petit
Bout d’homme venait de moi.
Ses traits si semblables à
Ceux de son grand père paternel
Le reliait à une autre famille
Et ça me rassurait.
Je me suis laissée guidée par lui
J’ai appris les gestes qui soignent,
Protègent, cajolent
Les mots qui soulagent, apaisent
Mais aussi contiennent
Les histoires qui questionnent
Parlent du rêve et du possible infini
Je l’ai vu grandir,
Se risquer, résolu, à faire ses premiers pas.
Je me suis étonnée de ses premiers mots.
Souri de ses « Non » qui voulaient dire « Oui »
J’ai attendu avec patience et quelques fois, sans,
Que ses tempêtes se calment,
Autant que lui, j’ai pris plaisir
Dans nos « baisers de paix »
Qui nous réconciliaient dans la tendresse.
J’ai admiré son courage, bien plus fort que le mien ;
Quand il est entré pour la première fois en maternelle
Déterminé et sans hésitation,
Alors que je cachais mes larmes
Son regard semblait me soutenir et me dire :
« T’inquiète pas je suis prêt »
J’ai hésité à faire de lui un grand frère
Un amour si fou, si passionné,
Pouvait-il être partagé ?
Quand ma toute belle, ma toute douce,
Est arrivée, calmement, doucement,
Sans me bousculer, j’ai su que je m’étais trompée.
J’ai replongé avec bonheur
Dans cette douce folie d’aimer.
Elle est née « coiffée »
Signe de chance m’a-t-on assuré.
Avec une tranquille assurance et une volonté farouche
Proche de ce grand frère qui lui ouvrait la voie
Elle a tracé son propre sillon
Mais sans jamais le confondre avec le sien.
Créative, déterminée, difficile à retenir,
Elle est passée par-dessus les obstacles
Me surprenant encore et encore.
Vous avez toujours eu l’un pour l’autre
Un immense respect et je crois
Une sorte d’admiration réciproque
Etrange mélange chez l’un et l’autre
De sensibilité et d’intelligence,
De tolérance, d’humanité
Et d’humour.
Aujourd’hui vous êtes loin !
Vos rires, vos moqueries rieuses,
Devant mes erreurs, mes hésitations,
Mes oublis, ma sollicitude et
Mon éternelle angoisse de mère
Se font plus rares.
Je sais que je ne sais pas qui vous êtes
Que vous continuerez encore à m’étonner
Je voudrais vous savoir heureux et vous dire
Que vous êtes ce que j’ai réussi de mieux !