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discretement
4 mai 2006

fugue, suite...

Elle descend sur le quai d’une  gare d’un petit bourg de province.

 Perdue, elle ne sait où aller et regarde désespérément autour d’elle.

 Elle ne connaît personne,  regrette déjà d’être partie sur un coup de tête.

 Elle pense à sa mère qui doit peut être s’inquiéter.

Un jeune homme, avec un beau képi sur la tête, la regarde.

 Elle s’est remise à pleurer et ses larmes intriguent le jeune homme.

A travers ses larmes  elle le voit venir vers elle.

Il lui sourit. C’est le premier jeune homme qui lui sourit comme ça. Dans son regard elle lit qu’il la trouve belle.

Elle est immédiatement éblouie par les beaux yeux  de ce jeune homme, d’un bleu comme elle n’en a jamais vu.

 Le jeune homme la questionne. Il est un peu impressionné par cette fille naïve, distinguée et si jolie.

 Il lui propose de l’héberger quelques jours, ce qu’elle accepte avec reconnaissance.

 Il lui dit qu’il vit à la campagne et possède deux maisons.

 Elle n’avait pas compris qu’il s’agissait d’une ferme dont le sol était en terre battue et ne possédait ni l’eau courante, ni toilettes.

Pour une fille de Docteur, élevée dans en confort petit bourgeois, quelle déconvenue !

Mais c’est la guerre. Elle ne veut pas retourner chez sa mère, et elle est amoureuse pour la première fois de sa vie.

Quelques mois plus tard elle accepte la proposition de se marier. Elle veut avoir un enfant à elle, jouer à la maman.

Ils se marient en janvier 1944.

Tout le village est de la fête malgré les restrictions de guerre.

Sa mère, ni son beau père évidemment ne veulent y assister. Sa mère désapprouve avec fermeté ce « mariage calamiteux»avec un homme d’une condition sociale si dégradante, pour elle qui a justement tant voulu s’en extraire.

Elle nous dira avoir beaucoup pleuré le jour de son mariage.

Elle se trouve rapidement enceinte, et est folle de joie de l’annoncer à sa mère

« Folle » : Elle le devient juste après la naissance de son premier enfant en fin de l'année 44 ; Psychose puerpérale ou fièvre puerpérale.

Elle délire :" Elle est la sainte vierge et a porté le fils de Dieu. Elle pense n’avoir jamais eu de relations sexuelles avec son jeune mari, dénie être mariée avec lui Elle veut mettre son enfant dans une crèche, sur la paille avec les animaux."

Elle est hospitalisée à l’asile : C'est l'enfermement, la camisole de force,  les électrochocs.

Elle ne se souvient pas avoir eu 20 ans. Elle est ailleurs.

C’était la première hospitalisation de ma mère.

 

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Commentaires
F
Je suis bouleversée par ton histoire familiale ; sans doute parce que j'ai vu d'assez près la souffrance mentale de ma mère.<br /> Je découvre ton blog, et vais poursuivre.
T
Apparemment la seule place possible, vacante, etait celle de la "folle"...Vote recit commence un peu comme un belle histoire, romantique à souhait...<br /> Quand on sait comment les patients etaient regardés<br /> dans les hopitaux psy de cette epoque, elle se mue plutot en un film d'horreur !!!
S
Zaza, tu sais combien ce que tu écris là résonne en moi...<br /> Je suis aux portes de la énième hospitalisation...<br /> Ta soeur, ta mère, je pense à tout ce que cela signifie pour toi...<br /> et je ne peux que me faire plus proche de toi encore.
P
Je suis très très émue de lire toute cette souffrance, la sienne, la tienne, celle de vous tous.<br /> Est-ce écrit "ailleurs" ou bien j'ai loupé des posts ?<br /> Ou bien je comprends les mots de ton ainée me disant "un jour je t'expliquerai, tu comprendras"...<br /> (oui je me souviens de ton "acte manqué" chez moi) Bisous et amitiés.
discretement
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