Lettre à marie (3)

14 mai 2006

Merci d’avoir pensé à moi ! Ce n’était ni le 21 ni le 23, mais le 22.

Je crois me souvenir que ton anniversaire à toi est en mai ! Je parierai moi aussi sur le 21 ou le 23, mais quelque chose me dit que c’est le 22.

Mes quelques jours de repos sont arrivés à leur terme.

Leurs bénéfices s’effacent trop vite ; Au bout de trois jours je suis lessivée : Des d’admissions, des synthèses en retard, des rapports à rédiger, des enfants à rencontrer, des parents à apaiser…

J’ai envie de faire l’éloge de la paresse.

Qu’il est bon de n’avoir rien à faire et de s’ennuyer un peu.

En fait je ne m’ennuie jamais . J’aime prendre le temps de laisser mon esprit divaguer le nez dans ma tasse de café, de m’allonger au soleil avec un ou deux livres, de caresser la chatte qui ronronne en boule contre moi…

Désormais, je devrai attendre le mois de juillet pour souffler un peu…

Pourtant j’aime mon travail, aller à la rencontre de l’autre, parler et jouer avec les enfants.

C’est un métier passionnant et gratifiant car les enfants ont des capacités d’évolution extraordinaires et quand le « jeu psychique » est en route ils progressent très rapidement.

Dans le même temps, c’est aussi usant de se coltiner la souffrance de l’autre que je partage à un moment ou un autre, même si je suis une « vieille routière » et ai appris à me protéger…D’autant que je n’ai pas beaucoup de répits les fins de semaine.

A force de travailler dans un secteur comme le mien, on finit par relativiser notre propre histoire d’enfant qui parait finalement …ordinaire.

Comme dit le psychanalyste serge Tisseron, j’ai poursuivis, d’une certaine façon, mon propre travail intérieur en accompagnant les autres.

Je te trouve très belle sur les photos que tu m’as envoyées. Tu n’as pas changé. Ta fille te ressemble beaucoup.

Je te perçois comme très vivante et lumineuse. Est-ce l’amour qui te donne cette étincelle dans le regard ? Ou ta philosophie de la vie, teintée de spiritualité et de créativité ?

Il y a bien longtemps que je ne me suis pas sentie désirable dans le regard d’un homme, à part dans celui de Dominique qui me reste très fidèle, au point qu’à un moment,ça va peut être te paraître surprenant, j’aurai aimé qu’il désire ailleurs.

Pour réveiller mon propre désir ?

M’autoriser à désirer ailleurs ?

Trouver une distance plus acceptable ?

Quand je le sentais trop proche, il devenait trop lourd, j’avais envie de m’éloigner.

Je crois finalement, après toutes ces années, que nous avons trouvé un certain équilibre.

Si j’ai, par période, des envies d’évasion, ce sont des envies de respirations solitaires et non à deux.

Tu dis dans ta lettre que « le temps qui s'avance est un temps précieux pour la réalisation de ces rêves non réalisés …. Nous avons le temps de nous » : C’est sans doute trop conceptuel pour moi qui reste si pragmatique et ancrée, collée au réel.

Mes rêves ? J’aime bien au bout du compte, qu’ils restent virtuels ; ils changent au fil du temps, et ne sont pas toujours nécessairement réalisables. En définitive, je me contente de peu.

Tu as une belle écriture avec des mots forts et légers. Je me sens très terre à terre quand je lis combien tu réussis à lier une certaine idéologie de la vie à des aspirations et réussites créatrices.

Je vais redevenir « jalouse » comme par le passé …

A l’inverse de toi, j’ai le sentiment cuisant que le temps me manque, pour tout, à tous les endroits.Je me laisse emporter par l'urgence tourbillonnante. C’est peut être une des raisons qui m’a poussé à ouvrir un blog pour me forcer à m’arrêter et prendre le temps de penser un peu…

Posté par la discrete à 06:00 - Commentaires […] - Permalien [#]