Encore EUX
Encore EUX : ils envahissent toujours mes nuits
Ils sont toujours hospitalisés en attente d’une place qui ne se libère pas en structure de convalescence. Ils iront donc dans une structure d’hébergement temporaire début mars.
Mais après ?
Je suis allée les voir avec mon fils.
Les regarder à travers son regard m’a renvoyé l’image très triste de deux vieillards à l’hiver de leur vie, l’une souriante mais perdue et totalement hors réalité et l’autre sombre, silencieux ou bougon.
Je prends ma mère dans mes bras dans des élans d’amour que je ne refrène pas, réponds patiemment à ces questions sans cesse reposées, sourit de ses réparties cocasses, malgré elle. Elle est devenue une grand-mère amusante, touchante et attachante. Elle montre, avec un beau sourire, le plaisir que lui procure notre visite.
Mon père est beaucoup plus difficile à aimer.
Grincheux, acariâtre il ne sourit pas, il marmonne entre ses dents : « les journées sont trop longues, il s’ennuie ».
Il se dit anxieux.
« Il est dépressif » dit l’interne.
Elle l’a mis sous Prozac avant qu’on lui demande de changer de molécule vu les effets secondaires du médicament « miracle ».
« Je désire mourir » nous dit il.
Son désir est extériorisé sous forme de plainte hypocondriaque.
« Je suis très malade. Je sais que j’en ai plus pour longtemps »
Il est bien difficile à accompagner.
Je suis moi aussi fatiguée, me laisse peut être contaminée par son état d’esprit.
Insuffler un désir de vie à l’autre ?
On a passé notre enfance persuader notre mère de notre amour, de notre désir qu’elle vive.
Aujourd’hui, je n’ai plus envie de désirer à leur place.