la veille...
La veille, je m’étais
précipitée vers elle en arrivant pour l’embrasser.
Ses cheveux venaient d’être
lavés.
Je la trouvais très belle dans son élégante
robe noire, et le lui avais dit.
Je m’étais assise près d’elle
au bout de son lit.
Je ne sais plus de quoi nous
avons parlé.
Elle a du, comme à son
habitude, m’interroger sur mes enfants.
Où sont ils ? Que font
ils ? Comment vont-ils ?
Ma sœur aînée était assise
sur le lit en face.
A un moment, nous avons
évoqué leur retour à la maison, échangé sur l’aménagement et les aides à mettre
en place ;
Mon père refusait d’être
soigné par l’ancienne équipe d’infirmiers.
Ils refusait également les
auxiliaires de vie « qui ne savent pas travailler », demandait à ma
sœur de faire de nouvelles démarches.
L’échange est devenu pénible.
Ma sœur a gardé
« héroïquement » son calme et accepté de faire appel à une autre
association.
Nous avons envisagé de louer
pour l’un et l’autre des lits médicalisés.
Ma mère qui ne disait rien, a
protesté : « je veux garder le lit de ma petite mère ».
Nous lui avons fait la
promesse qu’il serait près d’elle dans la chambre à coté ;
Allongée sur son lit, elle
nous écoutait, heureuse semble t-il de nous entendre parler, retour.
Je lui caressais
distraitement les jambes.
Elle s’est relevée et m’a
demandé de lui gratter le dos.
« Hum ça fait du bien,
a-t-elle dit dans un rire…Toi au moins tu as des ongles… »
Je lai prise dans mes bras
pour une tendre étreinte, sans savoir que c’était la dernière fois.
Il n’y a pas de hasard.
Le lendemain, j’ai retrouvé dans
son armoire, son fameux cahier de poésies que nous cherchions depuis des mois.
Elle y avait écrit après le décès de sa mère :
« Tu vois petite mère, ta fille à cinquante ans
Ne changera jamais, jouant à la poupée
C’est là mon seul bonheur
En attendant le jour, où je te rejoindrai
Nos deux âmes enlacées pour te parler d’amour
D’un besoin de tendresse
Que tu n’as pas compris ces deux mois seulement
Où je t’avais à moi, rien qu’à moi cette fois
Et mettant tout mon cœur, mes forces, à te servir,
Te choyer, te serrer dans mes bras,
Grattant ton pauvre dos, de mes doigts sans ongles
Caressant tes jambes et te parlant de Dieu….
Dieu est la bonté même
Et veut qu’on se retrouve »