Cimetière
Je suis allée avec Ketty, sur la tombe de ma mère, porter des petits cailloux blancs, comme elle nous l’avait demandé.
Jusqu’à présent, je n’aimais pas particulièrement me promener dans les cimetières, sauf dans le sud de la France, où les chats se prélassent sur les pierres chauffées par le soleil.
Je m’y suis sentie bien, en paix avec moi-même et avec elle.
Le cimetière est beau à cette époque de l’année, des fleurs à profusion, les dalles astiquées et rutilantes.
J’ai pensé au film d’Almodovar : « Volver ».
Je n’avais pas de dalles à nettoyer mais des petits cailloux blancs à disposer sur la terre.
Ma sœur aînée m’avait rejointe avec mon père.
Elle avait pensé au fauteuil pliant.
Elle a invité Ketty à s’asseoir sur la tombe d’à coté :
« Madame x est d’accord pour qu’on se repose sur sa tombe »a-t-elle dit avec légèreté ;
Nous avons retiré les fleurs fanées ; une façon de mettre à distance l’image qui s’est un moment imposée, de ce corps qui se dégrade sous la terre.
Nous avons travaillé avec le sourire, pris même plaisir à disposer nos cailloux et les fleurs apportées par les uns et les autres.
J’ai eu l’impression que nous lui confectionnions un berceau blanc, que nous la bordions de toute notre affection, qu’elle y soit bien.
C’est à nous même évidemment, que nous faisions plaisir.
Quand un petit lézard, porteur de vie, s’est glissé entre les cailloux blancs, notre satisfaction fut encore plus grande.
Et puis ;
En cherchant des réponses autour de mon questionnement intérieur sur la foi,
J’ai lu avec beaucoup de bonheur, deux petits romans, écrit simplement avec légèreté, beaucoup d’humour et de tendresse de Eric Emmanuel Schmitt: Oscar et la dame rose, et Odette Toulemonde et autres histoires (merci Ex Nihilo)
Je n’ai pu que m’identifier à cette madame Toulemonde, mais Dieu me reste étranger.
Et puis ;
Je suis en manque (en deuil) des commentaires de mon ex fidèle commentateur : Takeshi ;
j’espère qu’il ne s’est pas totalement effacé lui aussi ;