une journée ordinaire
Une femme ce soir, hurlante dans la cage d’escalier. Elle claque les portes et s’égosille devant le regard médusé de sa fille de vingt mois.
Nous avions prévenu que nous aurions trente minutes de retard pour venir chercher sa fille et la ramener au centre :
« J’ai autre chose à faire… »
Elle nous flanque la petite brutalement dans les bras et claque de nouveau la porte derrière elle.
Elle est âgée vingt huit ans, en parait dix de plus; ses mains sont rouges, boursouflées, suintantes de plaies. Elle vit à la rue depuis plus de 15ans. Quelqu’un lui a prêté une tente qu’elle et son ami ont planté pas trop loin d’un restaurant social.
Ce bel enfant de six mois a fait d’eux, des parents.
Quand elle vient le visiter, le père de l’enfant garde leurs deux chiens.
Quand c’est lui, c’est elle qui les garde
Elle est là, penchée sur l’enfant blotti dans le creux dans ses bras.
Elle lui murmure des mots tendres dans le creux de l’oreille.
L’enfant lui sourit, explore de ses doigts son visage, s’arrête étonné sur son piercing près de sa bouche. Ils éclatent de rire tous les deux.
Et puis
Que répondre à quelqu’un que vous aimez, qui n’est pas malade et vous déclare avec une incontestable conviction :
« Je veux mourir »