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discretement
1 juin 2006

Mon frère ce héros ….

ferme_1501Ou comment assurer le rôle qu’on s’est attribué ?
Comment détourner sur soi même des risques mortels toujours possible, orchestrer des mises en danger de soi-même répétées, pour que le malheur passe ailleurs qu’à l’endroit où il nous angoisse le plus.

Il (nous dirons John) est né en troisième position entre mes deux sœurs.
Du plus loin que je me souvienne, il est présent près de nous, blagueur, rieur, joueur, "casse- cou ". Il aimait la prise de risques, s'exposer au danger, triompher de ses peurs, braver les interdits.


Avec ma sœur aînée, ils formaient une paire de joyeux lurons. Ils n’avaient pas vraiment le choix et devaient traîner derrière eux une petite sœur quelques fois bien encombrante.
 
 Je n’arrivais pas toujours à les suivre, et singulièrement, bien que plus jeune, je n’aimais pas être leur complice, quand ils dérogeaient l’un et l’autre aussi ouvertement aux règles de prudence, ou aux interdits.
A croire qu’ils le faisaient exprès, dès que ma mère avait le dos tourné, ils se lançaient dans des aventures plus téméraires les unes que les autres.

Quand j’étais encore bébé, John me « piquait » mon biberon en cachette, Il argumentait que je n’avais pas à me plaindre car lui il n’y avait plus droit et moi, je pouvais toujours en réclamer un autre (en quoi il se trompait…)
Plus tard, je m’inquiétais dès que je savais que c’etait lui qui était en charge de me ramener de l’école maternelle.

Immanquablement, il m’oubliait et j’attendais de longues heures, seule dans une salle de jeu qui me paressait immense, parce que vidée de tous ses occupants, le temps que quelqu'un s’aperçoive de mon absence à la maison.

Plus tard, une série d’accidents estivaux a débuté.
John participait avec fougue et hardiesse aux travaux d’été dans les fermes avoisinants la modeste bâtisse de nos grands-parents.

Tous les étés, John devait être conduit aux urgences

Un été, lors des moissons, les dents d’une fourche lui pénètrent le pied.

Un autre, il reste suspendu par une branche de cerisier qui lui a traversé la joue.
Plus tard, les dents d’un support de canne à pêche rencontrent le gras de son fessier.
Et encore : il manque de se noyer sous mes yeux alors qu’il se baigne dans une mare.
Il fait du rodéo sur le dos des vaches ou se laisse traîner en s’agrippant fermement à leur queue et revient couvert de plaies.
 Je ne sais combien de piqûres antitétaniques ont du lui être administrées. Paradoxalement il en avait très peur.
A l’adolescence, il a endossé un blouson noir et a continué à jouer les caïds avec sa mob. Evidemment, il a plus d’une fois, goûter le bitume et en garde encore aujourd’hui des traces sur le visage.

A 17 ou 18 ans, il est tombé follement amoureux de la voisine.
Pour les beaux yeux de sa belle dont la mère interdisait toute fréquentation avec ce « voyou », il s’est engagé dans les pompiers de paris.
Sa véritable carrière de « preneur de risques » a débuté.
Entre « flic ou voyou » il a résolument choisi le bon coté de la loi et est devenu agent de sûreté au RAID : brigade d’intervention de choc, risquant sa vie à chaque intervention, tenue secrète jusqu’à sa résolution.
Il est aujourd’hui en retraite, mais cette prise de risques lui manque.

Comment être encore reconnu, admiré, aimé quand on n’est plus un héros ?

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Commentaires
D
Bel hommage, c'est certain, que vous lui rendez...<br /> Après, toutes les retraites - plus pour les hommes aujourd'hui encore peut-être, histoire oblige - génèrent, pour ce que j'en comprends aujourd'hui cette "chute", dont la pure figure du héro serait comme le paradigme...<br /> Et pourtant, il doit bien y avoir quelque chose, et presque la vie qui commence : j'aurais la cruauté de penser ça. Mais je n'ai pas encore l'ombre d'une idée, sans quoi... je la soufflerais à mon père ! <br /> Mais peut-être déjà : il y a plus que jamais place pour l'échange, dans une transmission nécessaire sans doute, mais surtout, à double-sens...<br /> Ce serait mon espoir.
C
Comment être encore reconnu, admiré, aimé quand on n’est plus un héros ? <br /> Il a toujours été aimé personnellement, admiré professionnellement et reconnu humainement.<br /> L'héroïsme n'est qu'une opportunité... (et dieu seul sait qu'il en a eu...)<br /> Je l'aime tout simplement parce qu'il est LUI avec ses plus et ses moins.
T
Le portrait psychologique est bien ciselé melé d'une admiration et affection infinies, et un peu d'inquietude. Il va continuer son histoire peut etre comme "Zatoichi" de Kitano, et dans la scene finale, <br /> tous les personnages rajeunissent... Et les images sont d'une beauté à couper le souffle !!<br /> Vous ecrivez fort bien....
C
il est toujours un héros non? le tien en tout cas puisque tu en parles...<br /> maintenant rien ne remplacera la prise de risque...
Z
Maola , c'est mon grand frère pas mon petit frère.<br /> Non, toujours pas de nouvelles de ma tiotte...
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