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discretement
4 juin 2006

le secret

Deux petites filles endimanchées.

L’une porte une robe de laine rose, l’autre une robe bleue, tricotées par leur maman.

L’une a les cheveux dorés et porte de jolies anglaises qui lui tombent sur les épaules à la manière de Shirley TEMPLE ; L’autre, le cheveu raide et brun, coiffé à la Jeanne d’Arc.

La laine gratte un peu ; Elles n’osent pas se plaindre.

Maman leur a dit qu’elles étaient jolies comme des cœurs et qu’elle les emmenait en ville.

Elles connaissent bien cette route qui mène au centre ville pour l’emprunter tous les jours pour aller à l’école.

Souvent, pour adoucir la marche, elles comptent le nombre de pas qui séparent chaque hêtre qui la borde de part et d’autre. L’été, elles collectionnent les hannetons qui y ont élu domicile et les enferment précieusement dans des grosses boites d’allumettes.

Quand elles aperçoivent le toit du cinéma « le Celtic » le centre n’est plus très loin. Maman les y amène quelque fois. Leurs jambes ont alors des ailes. Elles reviennent généralement les yeux rougis. Maman aime surtout les films tristes et dramatiques.

Aujourd’hui elles ne vont pas au cinéma.

C’est un secret leur a dit maman.

Quand elles arrivent dans la vieille ville Maman les prend fermement par la main.

Comme d’habitude, il y a beaucoup de touristes ; il ne s’agit pas de se perdre.

Maman les entraîne dans le grand magasin de la ville.

Veut –elle leur faire une surprise ?

Brutalement un homme est posté face à elle. Elles ne l’ont pas vu arriver.

Maman a le sourire et les yeux qui brillent.

Les petites filles le regardent à la dérobée, par en dessous.

Elles lèvent les yeux et le reconnaissent.

C’est pour lui que maman a mis du rouge à lèvres et de la poudre de riz.

Il est vieux et il n’est même pas beau.

Les petites filles chuchotent :

«  C’est lui je te dis  »

« Donne lui un coup de pied »

Le bout de pied s’agite mais n’arrive pas à l’atteindre.

L’homme leur tend un paquet de bonbons.

Elles n’en veulent pas, mais le prennent quand même sans dire merci.

Maman peut lire un net reproche dans leur regard, mais maman se moque d’elles. Elle rit.

Elle suit l’homme qui vient de franchir la porte du magasin.

A leur suite, elles montent un vieil escalier qui sent bon l’encaustique.

Il ouvre une porte et invite maman à entrer.

Maman leur demande d’être sages.

Elle s’approche de lui et l’enlace…

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Commentaires
D
Grand bonheur de lire votre entrée de ce jour... Et vous ne l'avez pas volé :-)<br /> Et puis, après, reprendre ma lente remontée, découvrir ce texte : quest-ce que vous voulez que je vous dise ? <br /> L'appel que vous avez reçu aujourd'hui l'aura fait mieux que moi ;-)
C
ça me met mal à l aise<br /> et pardon mais pas d indulgence en ce qui me concerne... juste de la colère...
Z
Je ne me souvenais plus des osselets.
T
Lorsque le beau temps le permettait , les fillettes avaient la permission de jouer "aux osselets" avec les petits cailloux blancs de la cour ....
S
Ton style d'écriture faussement naïf rend témoin de la scène. Malaise...pour les fillettes<br /> Et indulgence pour la femme.
discretement
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