VACANCES suite
Les jumelles étaient
épuisées et réclamaient inlassablement,
comme savent si bien le faire les enfants fatiguées, un lit pour dormir.
L’hôtel face à la gare ne fut pas
compliqué à trouver. Une grande chambre toute simple avec deux grands lits ferait l’affaire.
Un léger casse croûte
rapidement avalé, les deux plus jeunes visitent la chambre en riant. Des
vieilles gravures décorent les murs et un crucifix est accroché au dessus du
lit. Des tables de nuit très hautes en bois ciré. L’un des pieds est bloqué par
un tasseau de bois.
Elles s’installe dans leur
« palace » et déposent les livres qu’elles ont pensé à
emporter : « les mémoires d’un âne » et « l’auberge de
l’ange gardien » de la comtesse de Ségur.
Elles acceptent facilement
de rester seules pendant que leur mère et Ketty font la tournée des terrasses
des restaurants.
Elles ne les ont pas
entendu rentrer.
Au réveil, leur mère
décide de reprendre le train pour le bord de mer.
Il n’y a pas assez de
touristes à Rosporden, la quête n’a pas rapporté suffisamment.
Direction douarnenez.
En descendant du train
elles reconnaissent cette odeur marine du large et du port. Elles veulent voir
la mer.
Elles découvrent le port
et ses bateaux de pécheurs, les mouettes qui descendent en piquer pour attraper
un poisson en plein vol ; Les usines de conserveries de sardines. C’est
donc là que sont mis en boites ces
petits poissons, si fameux étalés sur une tartine de pain beurre.
A l’heure de midi, il est
temps pour les jumelles de regagner
l’hôtel repéré le matin près de la gare. Ketty doit retourner chanter.
Leur mère leur a promis
qu’elles reviendraient vite, avant de fermer la porte à clé.
La chambre ressemble à
celle qu’elles ont quittée, le plaisir de la nouveauté en moins. Elles n’aiment
pas rester enfermées.
Il n’y a rien à faire dans
cette chambre. La fenêtre close donne sur une gare semblable aux autres gares.
Pour tromper le temps, elles s’inventent des
histoires :
« On dirait qu’on
est les filles d’un riche monsieur… On habiterait dans un château…Moi je serais
malade…
En fin d’après midi, à cours d’imagination,
l’histoire s’essouffle. Ketty et leur mère ne sont toujours pas revenues.
Finalement l’attente devient
pesante et angoissante.
Elles ont faim, envie de
faire pipi et ne peuvent pas sortir.
En soirée, elles sont heureusement
de retour.
- « Quelles grandes
sottes …Pourquoi pleurez-vous…je n’allai pas vous abandonner… »
Plus question pour maman
et Ketty de ressortir. Elles ont épuisées et cependant très satisfaites de la recette.
« Vous l’auriez
entendu chanter … Ketty a été très applaudie »
Après avoir y avoir
mis beaucoup d’insistance les petites
obtiennent la permission de les accompagner le soir.
Les rues sont pleines de
touristes attablés à la terrasse des restaurants.
Les filles scrutent le
contenu des assiettes qui les font saliver. Elles savent qu’elles auront le
droit à une glace plus tard, en attendant elles bavent devant ces assiettes joliment décorées.
De son coté, Ketty fait la
tête ; Elle n’a aucune envie de chanter encore.
Les jumelles cachées dans un coin de la
terrasse, examinent la scène.
Maman qui insiste, promet
mille cadeaux, implore.
Ketty, suppliciée,
s’avance en traînant les pieds.
Sa voix s’élève. Le
silence se fait autour d’elle.
Puis ce sont les
applaudissements.
Ketty maladroitement et le
regard fixe, tend la main.
Les jours suivants se
déroulent à l’identique : Concarneau, Quimper, Bénodet…Elles changent de
ville, d’hôtel, de chambre, mais vivent le même enfermement dans des chambres
plus ou moins sordides.
Le dernier soir, elles
tendront elles aussi la main.
Elles n’auront rien vu de
la Bretagne…
Posté par zaza_z à 06:00 - Commentaires [5] - Rétroliens [0] - Permalien [#]
Prise d'otages.
Posté par Takeshi, 18 juin 2006 à 07:08
Mais qui est l'otage de qui?
Posté par Takeshi, 18 juin 2006 à 07:09
Quelle angoisse, de se trouver dans cette chambre d'hôtel fermée à clef !!
Désemparées, nous nous sentions totalement abandonnées !
Ta présence, ma dizygote, arrivait à calmer cette oppression et ce sentiment
d’étouffement !
Quel désir de fuite incontrôlable !
Expérience bien traumatisante que
" vacances improvisées"!!
Notre douleur devait cependant être bien minime par rapport à celle endurée par
Ketty .........
Posté par vlad, 18 juin 2006 à 10:32
le lire m'est insupportable
quel triste ce souvenir...
avec cette question... mais pourquoi?
Posté par carl, 19 juin 2006 à 17:35
C'est dingue ce que tu écris...dingue, dingue, dingue
(je suis émue Zaza...)
Posté par Coumarine,
19 juin 2006 à 22:10