Est ainsi que les hommes vivent ?

Le silence s’était installé entre eux, sournoisement, à pas feutrés, presque paisiblement.

Elle n’en avait pas tenu compte.

Le plus souvent, c’était un silence léger comme la feuille d’automne flotte tranquillement avant de se poser.

Parfois il prenait de la pesanteur.Il s’accompagnait alors de pas plus lourds, de portes qui claquent, de chansons fredonnées sur un ton faussement désinvolte. Ce n’était plus un vrai silence mais un état de tension palpable.

Elle s’accommodait bien du silence. Il lui préservait un espace d’intimité psychique dont elle avait besoin.

Noyée dans ses réflexions, elle était quelque fois obligée de lui demander de répéter quand il s’adressait à elle.

Il arrivait qu’il ne veuille pas renouveler sa phrase.

Le poste allumé se faisait complice de ce silence.

Un journaliste égrenait des nouvelles du monde.

Elle écoutait d’une oreille distraite.

« 10 000 tonnes de fioul se sont répandues dans l'océan Atlantique suite au bombardement d’une centrale électrique libanaise à 30 Kms au Sud de Beyrouth. La marée noire menace les côtes syriennes… »

Elle se lève de sa chaise pour visualiser sur la carte  affichée sur le mur qui lui fait face.

Il la regarde faire sans rien dire.

Evidemment, il sait où sont les côtes Syriennes.

Elle n’a pas beaucoup voyagé.

D'autres priorités financières ne le lui ont pas permis.

 Elle ne connaît de ces pays que des tâches de couleurs que délimitent des frontières.

Elle voyage dans sa tête à bas prix ; ça elle sait faire depuis longtemps.

Elle scrute la carte, s’arrête sur les villes, les fleuves, là une zone de montagnes, là une étendue désertique ?

Elle s’absente loin là bas.

Lui aussi il est absent.

Il est tourné vers la porte-fenêtre qui ouvre sur le jardin.

Il y a  quelques semaines, au lieu de lui faire face, il a choisi de s’asseoir à coté d’elle

Afin de bénéficier de la vue sur le jardin.

Depuis, il lui tourne fréquemment le dos quand son regard est capté par l’extérieur.

Une paix confortable et rassurante est maintenue…

Est ainsi que les hommes vivent ?

Comments

[D&D]

Saut de puce sur la toile, en attendant de mon côté de jours plus calmes... Intensité, toujours, dans la lecture de quelques billets chez vous... Je poursuis lentement mais sûrement la remontée de votre blog... Et vous laisse un clin d'oeil amical en passant...

[framboise]

je prefère de loin le silence meme s'il devient pesant, aux cris.

[Aedia]

...n'est pas forcément de l'indifférence. Il peut l'être aussi c'est vrai. Mais il peut également être une trêve quand l'imcompréhension d'une situation prive de mots, une provocation, une arme...
Oui, Luciole a raison : Putain de silence !

[Luciole]

Putain de silence !......

[carl]

c un récit poignant empreint d une grande tristesse...