morosité
C’est la panne sèche devant mon clavier depuis plusieurs jours.
Je flâne ici ou là, lit beaucoup, fait de nouvelle découvertes.
Plus je lis, plus l’aridité devient importante.
Et dire que dehors, c’est le déluge.
J’ai le moral qui dégringole.
Contre coup peut être de tous ces départs dans ma vie familiale et professionnelle (départs en retraite de collègues très proches)
Sur mon lieu de travail, je suis devenue « l’ancêtre », « la sage ».
Difficile à assumer quand le racisme anti- vieux pointe son nez, quand bien même il s’exprime sous les formes déguisées de l’humour.
Mes sœurs ont installé mon père dans sa nouvelle maison de retraite, à proximité de sa maison.
Il retrouve son quartier, des anciens voisins, des anciens cheminots comme lui.
Elles ont investi, avec son accord, dans un mobilier entièrement neuf pour meubler sa chambre.
Le voilà installé comme un pacha dans un décor digne d’une chambre d’hôtel 4 étoiles.
Les autres résidents viennent admirer sa chambre.
Mon père relève la tête, bombe le torse, se vente tant et plus…
Oubliés ses maux divers et ses plaintes…
Je devrais être heureuse de le savoir heureux.
Quand je vois le décor sordide dans lequel lui et ma petite mère ont vécu pendant quarante cinq ans, ça me rend morose.
De son vivant, il a refusé tout investissement.
Ils ont donc vécus dans des meubles généreusement donnés, bancals, non récupérables.
Ouais… Ca me rend morose…