Quiétude
J’en suis moi-même surprise.
Suis-je
« dé-affectivée » ?
Je vis finalement avec
sérénité le départ de ma mère pour « ce long voyage au-delà des
nuages ».
Les crises de larmes sont
consommées.
Je pense à elle calmement,
regarde ses photos ou me rends sur sa tombe sans m’effondrer.
Mes sœurs éprouvent, elles
pourtant, une forte souffrance à son souvenir.
J’ai l’impression, de m'être préparée à son départ depuis longtemps.
Avais une conscience claire
que chaque moment passé près d’elle pouvait être le dernier.
Je suis en paix avec elle et
avec moi-même.
Plus qu’avant cependant, j’éprouve le besoin de serrer mes enfants dans mes bras,le besoin de leur dire
mon amour.
Si j’en ai douté dans mon
enfance, je sais depuis longtemps que ma mère m’aimait, non seulement parce qu’elle m’avait donné le prénom de sa mère.
Elle m’aimait je crois pour
ce que je suis.
Elle aimait mes enfants ;
me reconnaissait comme une fille qui avait su devenir mère et donner à mes
enfants de quoi se construire comme des êtres libres. (autant que possible…)
Je voyais dans son regard son
admiration :
« Tu réussis tout…tu
sais tout faire… »
Elle ajoutait : « comme
ma mère » (ce que j’aimais moins, assurément) ;
Ca ne suffit pas pour gommer
tous ces doutes que j’ai en moi, sur ma propre valeur.
Je sais que j’ai fait
autrement qu’elle.
En toute conscience, j’ai préservé mes enfants
et me suis préservée de sa « captation » maternelle.
Je suis à mon tour fière de
mes enfants, heureuse de regarder ce qu’ils
deviennent, toujours surprise et rassurée, somme toute, de leur autonomie
psychique.
Je savoure avec délectation,
les moments partagés avec eux, comme le WE dernier à Paris.