Joie de noël
Je me réinstalle devant cet
écran monopolisé par mon fils pendant plusieurs jours.
Le soleil d’hiver baigne le
jardin d’une très belle lumière.
Les oiseaux en profitent pour
virevolter ici et là et se disputer les graines déposées dans le nichoir.
Ma fille dort encore dans sa
chambre à coté.
Mignon est roulé en boule
près de moi…
Je me sens tranquille et
paisible avec le regret que mes journées de repos s’achèvent ce soir et la
satisfaction que la période « Fêtes » soit achevée.
La veille de noël j’aurai pu écrire
ce que j’ai écrit dans notre blog commun, il y a deux ans.
Comme
traditionnellement dans quelques heures
nous allons tous nous réunir autour de mon Père et de ma Mère avec cette
question qui nous traverse depuis quelques années, est ce le dernier noël avec
eux deux ?
Comme à chaque fois, je franchirai le seuil de la maison avec une sourde
appréhension qui me nouera l’estomac : réminiscence de fêtes passées mal
terminées.
Nous
allons boire, trinquer, parler tous en même temps.
Mon
père et ma Mère ne participeront pas au bourdonnement général, ils se
contenteront d’écouter, simplement heureux que nous soyons tous là, fatigués
rapidement de notre présence.
.L’un après l’autre nous allons les quitter avec la culpabilité de les laisser
seuls cette nuit de noël, partagés entre le désir de prolonger la soirée avec
eux et celui de fuir au plus vite !
Je n’aime pas les fêtes de famille.
Je n’aime pas noël
Et pourtant, je sais que quand je serai au milieu d’eux tous, je serai heureuse
d’être là… pendant un moment !
Seulement, j’étais chez mes parents depuis 15 heures, rapidement rejointe
par ma sœur jumelle, pour changer les draps du lit de mon père, laver le sol,
ouvrir les huîtres, préparer leur repas
et la table pour le soir …
La veille j’avais répondu à
la plainte de mon père en appelant le médecin de garde.
Il a ainsi passé son après
midi aux urgences pour un lavage intestinal si efficace que la nuit il n’avait pas pu se retenir.
Quand en soirée nous avons
été rejointes par le reste de la famille, je n’avais aucune envie de rester
plus longtemps.
A sa demande, j’ai
raccompagné ma sœur Ketty chez elle, à mon grand soulagement: elle avait ce
regard dur et fixe qu’on lui connaît quand elle va mal, se sent agressée et a envie de mordre tout le monde.
En regardant mon père, j’ai
eu la certitude que c’était le dernier Noël qu’il passait avec nous.
Pour autant, je ne me suis
pas sentie affectée.
Il ne voulait pas de ce
regroupement familial, ne voulait pas « débourser », « rincer la
gueule à tout le monde » comme il avait dit huit jours plus tôt.
Comme l’Avare de Molière, il contemple
et veille sur sa cagnotte.
J’étais là pour ma mère. Elle
était heureuse et a montré sa joie d’embrasser
ses petits et arrières petits enfants.
Sans culpabilité aucune, c’est
moi qui ai pressé mon mari pour partir.
Je ne crois plus éprouver
aucune espèce d’affection pour « ce » père.
Et pourtant, nous étions là, ma sœur jumelle et moi, à donner de notre
temps, ce jour comme la veille, alors
que nous sommes les seules à travailler encore, les seules qui, en principe, ne lui doivent rien.
Alors ?
Alors ?
Quel est ce désir, besoin ou autre motivation, qui
nous fait agir ?
Ne rien devoir à celui qui nous
a fait le reproche du moindre sou qu’il dépensait pour nous ?
Payer en héritage la dette de
notre mère ?
Avoir , enfin, la véritable
reconnaissance d’UN père ?
Non, je n'étais pas là que pour ma Mère